jeudi 30 mai 2013

Lettre à mes cheveux

Chers cheveux,

Jamais je n'aurais pensé m'adresser à vous un jour. Vous que je coiffe chaque matin depuis des années et parfois, je dois vous l'avouer, non sans difficulté ! Vous qui me donnez un style même si c'est quand même moi qui vous stylise. Vous qui me définissez comme étant une femme et qui me donnez un super pouvoir de séduction ! Ha !! Je ne veux pas faire dans le dramatique aujourd'hui, vous vous en doutez bien avec mon intro. Mais, je souhaite vous parler et vous dire les vraies choses.

Vous avez subi un gros traumatisme dernièrement avec les deux potions magiques que j'ai dû recevoir. On m'a bien averti que vous étiez pour tomber possiblement de deux à trois semaines après mon premier traitement. J'ai d'ailleurs tout prévu pour cela ; l'achat d'une prothèse capillaire, des foulards et quelques bandeaux. Depuis la semaine dernière, je vous vois tomber, un à un, deux par deux, quatre par quatre et des fois, une bonne dizaine à la fois !

Vendredi soir dernier, vous m'avez donné toute une frousse lorsque je vous ai lavé. J'ai souvent chanté sous la douche, mais cette fois-ci, je pleurais. Vous étiez des centaines, je crois, à me rester dans les mains, chaque fois que je devais enlever le shampoing. Vous m'avez fait vraiment peur. Je croyais bien que ça y était. . . Mais, lorsque je suis sortie de la douche, j'ai constaté avec joie que vous étiez encore très nombreux à avoir résisté au lavage. Vous êtes moins nombreux en épaisseur, mais vous ne m'avez quand même pas fait de "trous" et je vous en suis tellement reconnaissante. J'ai toujours su que vous étiez solides. Ou c'est peut-être moi qui a la tête dure, de sorte que c'est plus difficile pour vous de vous séparer de mon crâne !

Je continue à vous voir tomber régulièrement sur mes épaules, dans mon dos. Je vous "ramasse" sans dire un mot et je vous mets à la poubelle.

Mais, aux quelques milliers encore présents, je vous demande de tenir bon. J'irai vous faire couper ce vendredi. J'ai pris ma décision lundi. Après avoir informé mon infirmière-pivot de mon intention d'aller vous faire raser, elle m'a conseillé d'attendre un peu. Elle m'a cependant suggéré de vous raccourcir un peu. J'écouterai donc ses conseils, mais je ne vous ferai pas couper un peu, mais beaucoup. Je vais oser une petite coupe courte. Alors, tenez bon comme je tiens bon au traitement tout aussi agressif pour moi que pour vous. Accrochez-vous, même si vous me causez des maux de tête en vous agrippant à mon crâne, j'endurerai ce calvaire pour vous garder avec moi.

Et si malgré ma demande insistante, vous me laissez quand même tomber - bien que ce soit vous qui allez tomber - je ne vous en voudrai pas. Vous me manquerez, certes. Mais, lorsque vous vous monterez le bout du nez, ou plutôt le bout de la pointe, ce sera pour moi, une joie de vous retrouver.
Et ce sera une superbe occasion pour oser, encore une fois, une coupe de cheveux, très courte, que je n'aurai jamais eu le courage de porter. Et vous me redonnerez un tout nouveau style dont je serai fière. Et n'oubliez pas mon super pouvoir de séduction !!!

Depuis quelques années, vous êtes très nombreux à avoir perdu votre couleur naturelle. Mais, j'espère que vous ne me jouerez pas le tour de repousser tout blanc ! J'imagine que je vous pardonnerez aussi cette réalité, si tel est le cas. De toute façon, je vous ai déjà habitué à la teinture depuis quelques temps déjà. Et soyez sans crainte, malgré mes envies folles que j'aurai d'avoir un nouveau look, je ne vous teindrez pas en blond platine comme Marylin !

Merci énormément !
ou
À très bientôt j'espère!

France